Face à la machine : l’aquarelle ou la peinture à l’huile

Dans l’océan de la musique assistée par ordinateur, deux processus radicalement opposés : celui qui provoque l’ivresse de l’accident, celui qui recherche le contrôle permanent par l'interaction de l’oeil et de l’oreille.
Face à la machine, c’est donc le vieux dilemme de l’aquarelle et de la peinture à l’huile qui se rejoue à chaque oeuvre. Dois-je lâcher prise face à l’imprévisibilité de la puissance calculatoire ? Ou bien sculpter chaque paramètre pour rester le maître d’une architecture qui tend à se dérober sans cesse dans des espaces inaccessibles à mon esprit ?

La perfection demeurant une idéal profondément paradoxal, chaque processus recherchera l’essence de son opposé. D’un côté, on s’emploiera à organiser l’ivresse ; de l’autre, à retrouver ce je ne sais quoi organique et violent qui consumera délicieusement le contrôle le plus méticuleux.

Plus je sculpte, plus j’aime enfiler mon tablier d’aquarelliste et jouer avec l’eau numérique. Ce jeu requiert un dispositif : il faut abandonner l’écran et créer du geste — notamment par le recours à un contrôleur physique. En tournant les potentiomètres, en déplaçant les faders, on imbibera notre l’espace numérique d’une eau chaotique et merveilleuse.

Face à la machine qui ampute le corps, retrouver du geste sera toujours salutaire.